jeudi 3 juin 2010

Animation n°1 Sha'Rika. A l'ombre de la corruption.

Ça fait peur, je sais. Je vais illustrer ce texte au plus vite.







Sha’rika

La plus belle madare du clan Kyln, Sha’rika Mayëlvek a parcouru la vie de toute madarie de son âge : les jeux locaux, la pratique de la nage, de la pêche, les tâches ménagères, les développements de liens avec les adultes, les questions récurrentes sur les garçons.

C’est à ses dix-sept ans que son destin différait de ses semblables. Ayant maintes fois rendue service à un vieux mage mourant, elle fut récompensée et eut l’occasion de tirer de l’expérience de ses connaissances. Elle sacrifiait chaque minute de son temps pour aller le voir dans son logis, reculé au fin fond de la forêt. Durant tout ce temps, elle apprit la magie rudimentaire de l’élément aquatique. Les derniers jours de son maître étaient comptés, à l’approche de la mi-saison, elle dut faire face au triste décès. Sur le lit de mort de son mentor, elle hérita de tous ses effets. La vie reprit son cours et Sha’rika poursuivit ses pratiques magiques à l’abri des regards indiscrets.

Déjà promise à un mâle de haute notoriété, sa vie semblait toute tracée vers une existence paisible. Lui promettait déjà d’être un grand champion au service du roi et elle, était destinée à être l’oracle du clan. Jamais elle ne se serait doutée que la grande divinité madare, Shyn, auvait déjà marqué son destin d’un rang supérieur au commun des mortels.
Un beau jour, lors de la saison de fonte des glaces, Sha’rika partit jouer dans la forêt avec ses cinq sœurs, comme la plupart du temps. C’était trois jours avant son rite de passage à l’état adulte, événement plus important encore qu’un anniversaire, qu’une terrible aventure perturba à jamais sa vie. Fêtant le futur événement, les sœurs s’adonnèrent à toutes sortes de divertissements : course, pêche de Föellri, partie de cache-cache, et autres batailles de boules de neige.
Les heures passèrent, le crépuscule approchait lorsqu’elles se décidèrent à rentrer.

Il y eut un massacre…

Trois silhouettes noires les encerclaient. Sha’rika et ses sœurs essayaient d’abord de les ignorer, puis de passer de force,... dans un grand éclair noir, l’une d’entre elles tomba à terre inconsciente. Les autres, repoussées par la puissance de l’impact, se relevèrent péniblement. Les yeux effarouchés face à cette force immatérielle, elles sortirent leurs griffes et adoptèrent leur posture de combat. Un court silence fut interrompu par une voix rauque, débitant des phrases incompréhensibles :
« Laissez-m’en au moins trois de vivantes, en plus de Sha’rika »
Les silhouettes disparurent dans un écran de fumée, d’une noirceur surnaturelle. Fuyant le noir brouillard, les madares emportèrent la petite Kalïmka, toujours endormie. Des morts-vivants surgissaient de nulle part et s’attaquaient au groupe. Le combat fut sans merci, sur un terrain défavorable, contre un ennemi jusqu’alors inconnu mais aussi, contre une supériorité numérique. Les vapeurs fatiguaient leurs muscles, elles le sentaient. Sha’rika était partie à toute jambe vers la rivière, sa sœur aînée la suivait, derrière. Au loin, les cris familiers et déchirants portaient jusque là. Ne pouvant retenir des larmes, voyant son devoir d’aînée écrasé par trop fort parti, elle dit finalement à Sha’rika :
« Sœurette, va au village par le fleuve, fuis ou nous serons toutes en grand danger », le visage de Sha’rika était emplie de craintes. Bien qu’elle devina la réponse, elle ne put se retenir de lui demander :
« Mais ? … Et toi ? » Dans un éclat de chagrin, sa sœur lui répondit :
« Moi je suis censée faire en sorte qu’il ne vous arrive rien ! Et regarde ça ! Va-t’en ! Va-t’en par la rivière ! Vite ! … Je les entends, ils arrivent. »
« Mais je dois aussi sauver nos sœurs ! »
« Non, ils en ont après toi ! Ils ont prononcé ton nom ! Pars ! Va prévenir les parent, et le chef ! » Elle partit s’enfoncer dans les bois, Sha’rika à contre-cœur couru dans la direction opposée, sans s’arrêter. Repartant sur les lieux du désastre, la sœur aînée fut témoin de l’hécatombe. La plupart des madares avaient été tuées. Durant ce temps, Sha’rika elle, se fit enlever. Paralysée de peur par un sortilège d’origine non aquatique, elle ne put rien faire pour se défendre. Elle resta évanouie pendant plusieurs heures avant de pouvoir entrevoir une subtile lumière, entre ses lourdes paupières.

Une fois réveillée, elle se voyait enfermée dans une geôle, avec son pagne comme seul habit. L’intérieur était une grande salle faite de bois et de pierres, peu éclairée. Autour d’elle, d’autres geôles rangées en ligne dont une qui comportait une autre madare inanimée. Elle scruta le corps en détail, les traits étaient caractéristiques. C’était Lymâo, sa sœur aînée, morte.
Le choc fut tellement rude qu’elle ne put contenir sa détresse.
Au fur et à mesure que le temps s’écoulait, sa peur et ses pleurs grandissaient. Elle essuya continuellement ses larmes afin de pouvoir analyser en détail son environnement.
Eclairée par quelques bougies, la pièce laissait tout de même paraître les lignes de ses murs. Accrochés au plafond, au milieu de cette salle, des bras métalliques se dirigeaient agressivement vers une table, sans chaises. Des plaques, des chaînes, toute sorte d’objets menaçants dont elle ne connaissait pas la fonctionnalité l’entourait. Regardant plus en détail, la table semblait maintenant couverte de sang, les bras métalliques et tous les autre outil également. Entre trouble et chagrin, elle ne pouvait que plonger son esprit dans les prières Kylnares, adressées au grand Shyn.
Un moment après, les claquements réguliers de pas, se firent entendre derrière la porte. Ouverte d’une violence inouïe, la porte de métal faisait résonner les murs. Une silhouette de bipède ne ressemblant en rien à un madar se tenait dans le cadre de l’accès. Après avoir marmonné quelques mots en fixant les grilles désordonnées, elle se déplaçait lentement vers la table. Elle alluma une lampe qui éclaira toute la salle. La silhouette était un humain. Sha’rika en avait entendu parlé mais encore jamais rencontré. Celui-ci avait une peau très blanche et un regard effrayant, il était vêtu de pourpre et de noir violacé. Posant ses mains sur la table, il fixait Sha’rika. Avec un grand sourire, il s’exclama :
« Ah ! Voici donc notre dormeuse ! J’ai eu énormément de mal à t’approcher, j’espère que le séjour te plaît, ha ha … » Sha’rika ne comprenait pas l’humain, elle n’y voyait que des exclamations agressives et des démonstrations de sadisme. Après avoir passé son doigt sur l’une des traces de sang jonchant la table, il le porta à sa bouche et goûta passionnément la substance. Il se retourna, renversa des grilles qui étaient posées contre le mur et en plaça une sur la table. Il en profita pour allumer un feu dans la cheminée, dont le bois y était déjà préparé. Comme pour l’ouverture de la porte, il usa d’une force surdimensionnée. Un pilier de flammes jaillissait de sa main tel un geyser, enflammant aussitôt la bûche. L’établi n’augurait rien de bon, l’homme en noir s’approchait de la cage, et d’un simple geste de la main, en ouvrit la porte.
Sans perdre une seconde, Sha’rika le chargea en invoquant le nom de son dieu. D’un seul geste de la main une fois encore, il manipula le corps entier de la madarie et la plaçât violemment sur la grille. Les bracelets refermés, le corps bloqué, elle ne pouvait plus faire un mouvement. Sa situation la rendait folle, l’humain avait toujours ce même sourire indéfinissable et ce regard mystérieux qui transformaient son visage en icône malfaisante. « Bien. L’opération va pouvoir commencer… »
Les bras métalliques se rapprochaient progressivement de Sha’rika, pendant ce temps là, l’humain prenait une tonalité familière :
« Salut, Sha’rika. » Il avait parlé en langue madare, Sha’rika effrayée balbutiait comme si ses mots étaient ceux du mal :
« Qu .. qui, qui êtes-vous ? » L’homme, d’un regard vide répondit :
« Je me nomme Amandin, fils de Kain nécromane. Vous n’avez pas encore entendu parlé de lui, je présume ? », Sha’rika, aphone hochait de la tête. Après un temps, et en un élan de combativité, elle lui demanda :
« P .. p ..… pourquoi ? » Il y eut un long silence puis il répondit :
« Pourquoi es-tu ici ? » Une fois encore, elle ne répondait que de la tête, tremblant de tous ses membres. Relançant son sourire, l’humain ne répondit rien, voyant les mouvements paniqués de la tête de sa victime, il se sentit obligé de lui dire d’une voix chargée d’ironie :
« Ne bouge pas trop la tête, tu risque de te faire mal. » il lui donna une petite tape sur la joue, comme pour la rassurer
« Je sens qu’on va bien s’amuser, toi et moi. » Puis il s’éloignai.
Divers outils se plaçaient au-dessus de la tête de Sha’rika, émettant ondes et arcs électriques. Le bruit progressif des outils contraignait l’humain à hausser le ton :
« Cette machine donc ! …Couplée avec du mana, est un outil permettant d’asseoir son autorité en tout être, en clair ! Elle est faite pour contrôler mentalement les êtres vivants ! C’est la première fois que je faisais des tests sur votre race ! On peut dire que vous n’avez pas la même tête que nous ! Mais cette fois, je suis sûr de mes calculs ! Ne t’inquiète pas, … une fois le contrôle mental établi, tu ne sentiras plus rien ! Et enfin, je te relâcherai HAHAHAHA ! »
Dans un fracas étourdissant, les outils se mirent à produire des sons stridents et une lumière noire. Une brume malfaisante pénétrait son corps qui ne répondait plus à aucune opposition. Plus que physiques, les douleurs mentales pénétraient tout son être, tranchant son esprit de part en part, annihilant toute volonté de résistance. La douleur se fondait en ouragan de feu tournoyant sans fin, au milieu d’une l’obscurité des plus totales. Le supplice se perpétuait à n’en plus finir, le temps était une notion qui n’existait plus, la douleur fut insoutenable. Sha’rika, au milieu de ce tourment, rassembla le peu de conscience qu’il lui restait pour invoquer l’élément du grand dieu Shyn. L’eau émanait de tout son corps, canalisant le déferlement électrique hors de son organisme. Elle parvînt à retirer ses menottes, elle se releva quand soudain, ses jambes ne la soutinrent plus, elle tomba d’épuisement, ignorant la douleur de la chute.
« Comment t’appelles-tu ? »
« Sha’rika. »
« Comment me nomme-je ? »
« Amandin, fils de Kain Nécromane. »
« Amandin Nécromane, c’est cela. Que vas-tu faire une fois libérée ? »
« Je vais rassembler mon peuple, le mener sous votre souveraineté. »
« Très bien. Je vais faire deux trois derniers tests, tu pourras bientôt partir. En attendant, ne bouge pas d’ici. » Il s’en alla et referma la porte.
La bague offerte par le vieux mage mourrant se mit à briller de toute force. La madarie rouvrit les yeux, elle se retrouvait dans la même salle, dans la même geôle. Elle était ouverte. Lentement, elle passa une jambe, puis l’autre. Elle voulait à tout prix partir d’ici. Un élan de curiosité l’avait tout de même amenée vers les parchemins situés devant l’établi. Divers signes runiques et autres cercles d’incantations recouvraient le papier, qui par ailleurs, avait l’air de dater de centaines d’années. Elle s’en empara brusquement et couru vers la porte. Elle entendit de nouveau les bruites de pas, qui semblaient venir du couloir. Prise de panique, elle eut tout juste le temps de se cacher dans la cheminé, encore allumée. La porte s’ouvrit, cette fois-ci doucement. Sha’rika invoqua de nouveau la puissance de l’eau afin de se protéger des flammes. La bague s’éteignait lentement et Sha’rika s’endormit de nouveau. Plus qu’une seule idée lui traversait l’esprit, exécuter les derniers ordres d’Amandin. Elle se tenait immobile. Deux humanoïdes apparurent, il s’agissait de deux autres hommes habillés de noir. Dialectisant humain, Sha’rika, par des forces inconnues, comprit tout de même leur langue. Elle suivait le dialogue sans pour autant faire le moindre geste.
« Tiens ? Il n’y a personne ? »
« Tu penses que le maître a déjà terminé le rituel ? » Ils se dirigèrent vers l’établi.
« Je ne sais pas, il doit être au laboratoire pour finaliser ses tests, c’est bizarre qu’il l’ait emmenée avec lui… »
Après avoir fouillé aux alentours de l’établi « Ah merde ! Il a emporté ses parchemins, j’en étais sûr ! »
« Bah ! On aura bien d’autres occasions de l’en délester. Remarque, il les met souvent là… » Fouillant les étagères :
« Non, il les a emportés, c’est vraiment dommage. »
« Tu parles ! Pour une fois qu’il les sors, c’est rare ! … Bon, on file d’ici, si jamais il devait revenir… » Puis ils s’en allèrent.
De nouveau, la bague se mit à briller, la porteuse recouvrait ses esprits. Elle s’avança vers la porte entre-ouverte, puis jeta un coup d’œil dans le couloir. Elle prit un côté au hasard puis avançait silencieusement, sa respiration accélérée seule, trahissait sa présence. Elle empruntait les escaliers descendants, lorsque tout à coup, elle tomba sur une demi-douzaine de morts-vivants, comme ceux qui les avaient attaquées. Elle revînt sur ses pas, jeta des regards derrière elle et à la fenêtre. D’ici, le fleuve était visible. Il semblait même longer le bâtiment dans lequel elle se trouvait. La hauteur était trop importante pour plonger, même si le fleuve semblait creux à cet endroit là. Elle décida donc de prendre l’autre couloir. Une fois revenue sur ses pas, sa bague s’assombrissait, elle vît un homme en noir dans la salle des geôles. C’était Amandin. Il s’exclama sans se retourner :
« Je ne sais pas comment tu as fais, mais tu va le regretter ! » Il envoya un déferlement de magie noire en direction de Sha’rika, elle eut juste le temps de se cacher derrière le mur. L’autre côté s’était complètement détruit, dans un bruit assourdissant. Ne connaissant pas les lieux, elle tenta le tout pour le tout et fonça à toutes jambes vers l’autre couloir. Des bruits venaient d’en haut, des hurlements tel ceux d’un loup, des râles de toute sorte de bêtes. Elle emprunta l’escalier qui menait vers les étages inférieurs. Des morts vivants lui faisaient encore obstacle hormis que ceux là remarquèrent sa présence. La fenêtre n’était plus une option, elle s’élança au travers et arrangea sa pose de plongeon. Le temps d’atteindre l’eau, elle put user de ses dernières ressources magiques pour protéger les précieux parchemins.
Le fouettage du plongeon fut douloureux. L’eau était glaciale. Le stress et la fatigue accumulée n’arrangeaient en rien la situation. Des blocs de glace s’écoulaient lentement, avec les débris des arbres arrachés par le poids de la neige. Tout en s’aidant d’un arbre, elle se laissait porter mollement le long du courant. Ignorant les morsures du froid, elle ne se demandait plus que de quelle manière elle pourrait expliquer son terrible chapitre. Cela faisait depuis plus d’un jour qu’elle n’avait pas signalé sa présence. Pour tout madar, l’absence d’une madarie annonce le plus sombre des malheurs. Elle regardait l’édifice d’où elle venait de plonger, c’était une forteresse de roches assemblées. L’une des fenêtres venait de s’ouvrir, laissant s’échapper une bonne quantité de lumière. Une voix surpuissante retentit :
« Je t’ordonne de revenir ! Tous de suite ! … La lueur de la bague faiblissait au rythme des paroles du mage, elle finit par s’éteindre complètement, quand soudain :
… pas leur parler de ce qu’il s’est passé », « Tu ne devras jamais parler de l’endroit où je me trouve ! C’est un ordre, Sha’rika ! »
Le temps passait, et le village était encore loin. Non loin, grognements et aboiements se manifestaient, … ça se rapprochait. Ces bêtes produisaient étrangement les mêmes sons que celles du château. Apparemment, ces créatures avaient une cible bien distincte. Sha’rika avait très bien compris leur objectif. Sans geste brusque, elle s’enfonça dans l’eau. Inodore, elle ne réussit pas pour autant à tromper leur vue. Les créatures, maintenant apparentes, confirma l’insanité de leurs cris. Bien que d’allure robuste, elles ne semblaient pas douées à la nage, elles restèrent d’ailleurs sur le bord de la rive.
Après plusieurs kilomètres, elle vit enfin son village posté le long de la rive. Les bêtes l’avait lâchée. Elle abandonna sa branche pour regagner la rive. Nageant avec bras et jambes engourdies par le froid, une main tenant les parchemins hors de l’eau, eurent raison de sa volonté. Par deux fois elle faillit se noyer. Essayant tant bien que mal de sortir de l’eau, elle s’aidait de tous les éléments disponibles. Elle s’accrochait à une racine, plantait ses griffes dans la terre encore endurcie par le froid, … Les parchemins étant un trop gros fardeau, elle les déposa sous la souche de l’arbre à portée. Finalement, un homme du clan vint à son secours.
« Sha’rika ? Sha’rika, c’est toi ? » D’autres hommes du clan vinrent rapidement sur le lieu, lui porter secours. La mère en larmes courait les bras devants.
« Sha’rika ! Ma fille, c’est toi ! Ô Shyn ! Dieu merci! J’étais si inquiète. Mais, tu dois être morte de froid ! » Elle la prit dans ses bras. Une voix :
« Amenez des couvertures ! » Soudain, la voix du père traduit par une sombre inquiétude, rompa les discussions :
« Sha’rika... Que vous est-il arrivées ? Où sont tes sœurs ? » Regardant la bague scintillante « et ça, c’est quoi ? » Les visages étaient tous tournés vers elle, ils attendaient la réponse avec inquiétude. Le visage de Sha’rika se décomposait, elle ne répondait qu’avec des pleurs. Son futur partenaire Komelÿm, avait visiblement eu vent de son retour. Il accourrait, comme tout le monde, inquiété. Tous se regardèrent dans le silence lors du retour au village.
Postée au coin du feu, couverte de bandages, Sha’rika essayait de trouver le sommeil, afin de récupérer de ce choc. Pendant que la plupart des hommes de clan partirent à la recherche des autres, sa nuit fut longue et agitée…
Dans les méandres des rêves, Sha’rika se voyait nager dans les airs, dans lesquels voyageaient d’énormes quantités de fluides. L’air et l’eau se fondèrent en un théâtre mélodieux, ces deux éléments et ne firent plus qu’un. Le décor était désormais parsemé de nuages, adoptant toute forme aussi abstraites les unes que les autres. Au loin, un énorme nuage bleu prenait une forme surnaturelle, il s’imposait au milieu de tous ses semblables. S’y rapprochant, elle réalisa que ce nuage était en fait un amas aquatique soulevé par les vents. A l’approche de la madarie, l’eau en supension changea de forme. Les eaux se soulevèrent, comme pour gagner en prestance. Il s’était transformé en l’icône même de Shyn. La main en avant, Sha’rika avançait, le fluide était glacial. Elle reçut comme un électrochoc lors du contact. Elle décolla immédiatement sa paume, … la douleur perdurait. Pendant que les engelures de sa main se formaient, l’océan céleste se transformait en cyclone de noir. L’eau s’était éteinte pour laisser place au feu et à la foudre. L’icône de Shyn s’était fondu, elle s’était transformée en un visage familier, un visage humain… Sha’rika reconnu Amandin, son regard la fixait, la douleur des engelures se mêlaient à celle de la foudre, et du feu. Le gaz suffocant s’infiltrait dans son corps, la respiration devînt un besoin. L’homme en noir allongeait son bras en direction de la madarie, la pointant de son index. Quand sa main fut suffisamment proche, il en déplia les doigts qui laissaient apparaître au creux de sa paume, un monde calciné. A travers la douleur, Sha’rika cru voir son village avec les habitants. Elle vît aussi ses sœurs encore vivantes, emprisonnées dans les mêmes geôles, qui se transformaient progressivement en griffes démoniaques. La même main endolorie, en avant pour toucher ses sœurs, brillait de toute force. La bague qui y était portée produisait une chaleur douce, quand Sh’a’rika atteignit Lymâo, cette dernière fondit en cendre. Amandin ne fixait plus que la bague. Il semblait précipité à lancer un second assaut, comme s’il elle devait être la cause de son décès. La bague fondit en milles éclats, éparpillant sa poussière sur l’homme machiavélique. La tempête et la douleur s’apaisaient, seul l’obscurité persistait.
Elle se réveillait en sursaut, il était déjà tard dans la matinée. La mère, qui était assise sur un tabouret à côté d’elle, réagit aussitôt pour l’aborder :
« Ma chérie, je t’en supplie ! Qu’est-ce qu’il s’est passé hier ? Où donc sont passées tes sœurs ? »
« Maman, … nous avons, été atta... Des hu… des humains tout en noir… » après un temps, « …des humains en noir nous ont attaquées ! Ils, … on n’avait rien fait ! »
« Et tes sœurs ?!! »
« M.. mortes. » Elle pleurait de nouveau.
« Mortes ? Non ! .. » La mère ne voulait croire une telle chose mais faute d’alternative, elle du s’y résigner. Tous les éléments de cet évènements l’indiquaient. Il lui fallut du temps avant de d’accepter la nouvelle, elle prit sur son chagrin et re-posa ses questions :
« Ces hommes en noirs, … qui sont-ils ? Où sont-ils ? Que vous voulaient-ils vraiment ? » Ces questions firent un tour dans la tête de la jeune madarie, elle avait été partiellement domptée par les ordres du mage noir. Finalement, elle répondit :
« Je ne sais pas ! Je ne sais pas ! »
« Mais ? Tu es restée plus d’une demi-journée là-bas ! Que t’on-ils fait ?! » Sha’rika fondit en larme, sa mère la tenait dans ses bras. Elle lui dit d’une voix douce, masquant le chagrin :
« Habilles toi ma chérie, il faut que tu en parles toi-même au chef, il faut retrouver ces, … odieux personnages. » Sha’rika acquiesça et exécuta dans le silence. Lorsqu’elle franchit le pas de la porte, elle vit que le village entier avait été mobilité pour les recherches. Elle s’avancèrent devant la maison du chef de clan, les gardes ouvrirent les portes. Le couloir toujours décoré par mille lumière, rappelait à Sha’rika le début de son rêve. Pendant qu’elles marchaient vers la salle du trône, la mère regardait la main gauche de sa fille. Elle remarquait cette même lueur bleue, elle ne put s’empêcher de la questionner une fois encore :
« Au fait ? Où as-tu eu cette bague ? »
« C’est Mefÿll qui me l’a donné. »
« Mefÿll, … mais ma chérie, il n’a jamais existé. D’ailleurs tu l’as dis toi-même. »
« Maman ! Mefÿll est mort, mais il a existé ! » Arrivant à la salle du trône, elle interrompèrent leur conversation. Le roi se déplaçait en rond et parlait nerveusement avec l’oracle. L’oracle kylnare, Tayëlma resplendissait à la lumière que lui délivrait le grand toit de vitrail. Son regard se fixait en direction de la jeune visiteuse.
« Roi, c’est elle. » Dit-elle. Le roi se retourna. La jeune madare et sa mère s’inclinèrent. La mère :
« Mon roi, je me présente à vous. Je vous amène ma fille. » Le roi regardait la fille avec un regard à la fois accueillant et emplis de compassion.
« Ah ! Sha’rika, approche mon enfant. J’ai beaucoup trop de questions qui restent sans réponses. » Elle s’approcha. « Raconte moi ce qu’il s’est passé. »
« Je, … Mon roi Kylnare, je me présente à vous. » Le roi acquiesça. « Nous nous sommes fait attaquer par des hommes habillés en noir » un instant d’hésitation, « je ne sais pas qui ils sont, ni pourquoi ils nous ont attaquées, je,... crois qu’il m’en voulait à moi, ils ont… l’un d’eux a, … prononcé mon nom. » La mère regardait sa fille, l’air perplexe. Elle continua, « c’est grâce à cette bague si je suis encore en vie. » Montrant sa main encore enroulée de ses bandages.
L’oracle, aussi intriguée que les autres, s’approcha :
« Je ressens la magie d’ici, ne bouge pas. » Elle enleva délicatement le bandage. Les morsures dues au froid marquaient la peau de Sha’rika. Sur son majeur, la bague étincelait de milles variantes de bleus.
« Où t’es-tu donc procuré cet objet ? Il est hautement actif, je dirais même, en train de lutter, … contre un mal incessant. Je n’ai jamais vu un tel enchantement. »
« C’est un vieil homme à qui j’ai rendu service. Il me l’a donné sur son lit de mort. » La mère prit aussitôt le relais :
« Mefÿll, c’est une sorte de maître, un mentor que ma fille s’est inventée. » La jeune madarie lui fit les yeux noirs.
« Et où aurait-elle trouvé cet objet ? Ce maître ne serait-il pas un mage ? »
« Ma fille est trop jeune, puissante oracle. Elle ne sait pas ce qu’est un mage. »
« Je vais être plus claire, donc. Sha’rika ? Ton « maître » ne t’aurait-il pas enseigné un savoir sur une puissance intérieure ? Je veux dire, un courant qui nous anime, qui nous donne un pouvoir. Un pouvoir qui nous rassure dans les moments difficiles, qui nous éclaire lors des évènements les plus sombres. »
« La magie ? »
« C’est cela. »
« Bah, euh, je sais faire un peu d’eau. »
« Montre-moi. »










Elle retourna se balader dans le village,

Manifestant sa haine :
« Je veux y aller ! Je dois le tuer ! »
« Non, c’est trop dangereux ! »
« Je dois y aller ! Et vous ne pourrez pas m’en empêcher ! » Des gardes la prenaient pour la garder dans une salle, en sécurité.
« Non ! Non !!! »

Un garde :
« Comment veux-tu être oracle si tu laisse passer tes intérêts personnels avant l’intérêt collectif ? » Sha’rika sans se retourner :
« Je m’en fiche, je ne veux plus être oracle, il a tué mes sœurs ! Je n’en ai plus ! » L’un des gardes s’approchait pour la calmer :
« Nous savons tous que c’est un coup dur pour toi, ça l’est d’ailleurs pour nous tous. Mais si ta haine prend le dessus sur toi, tu ne seras plus rien et tu te consumeras de toi-même. » Lorsqu’il était arrivé à son niveau, elle lui donna un coup de coude au bas-ventre. Surpris par le geste, le garde était plié en deux. Sha’rika en profita pour fuir :
« Vous ne pouvez pas comprendre ce que c’est, que de perdre cinq sœurs en même temps ! »

Le roi :
« Je m’imaginais bien qu’elle tenterai une escapade de ce genre. Va éclaireur, retrouve sa trace, piste la et, une fois que tu auras trouvé le fameux repère, arrête-la. Et si de nouveau elle résiste, reviens me voir. »
« Bien, mon roi, … je pars. »

Sha’rika s’approchais de l’homme, qui gisait au sol tel une paillasse, elle s’exclama avec des expressions et des gestes violents :
« Pourriture ! Quel plaisir ça t’as donné de les tuer !? Tu n’es rien d’autre qu’un Manöngha, tu ne mérites pas de vivre ! Je vais te tuer, mais avant, je voudrais savoir ceci. » Elle montra les parchemins qu’elle lui avait subtilisés. Le magicien n’en avait plus pour longtemps, il réussit tout de même à adresser son même sourire :
« Tu as réussi, hein ? Tu dois être heureuse, hein ! Vois dans quel état je me retrouve par ta faute, sale femme-pieuvre ! »
« A quoi servent-ils ? » Hésitante, « Répond …! »
« Tu ne peux me vaincre ! Je suis l’archimage noir Amandin Nécromane, fil génétique de notre père fondateur ! » Tremblante, elle engagea son arme. Le mage noir s’arrêta et se mit à marmonner quelques mots. Surprise, Sha’rita s’exécuta au plus vite possible. L’homme lui sautait au visage, les bras devant.
« Athun selah tuah ! »
Sans lui laisser plus de temps, elle empala l’homme qui avait été responsable de tous ses tourments, il se mit à cracher du sang. Voyant ses forces diminuer et ses dernières secondes s’écouler devant lui, il s’agrippa à elle comme ferait un mendiant sur une pièce d’or. C’était finit, elle avait gagné. Par la haine qui la contrôlait, elle l’avait remporté sur la haine de son oppresseur. Indifférente aux dernières tentatives du mage, elle le laissa choir lamentablement à terre.

Ses lèvres la brûlai, elle ne disait plus un mot, sa conscience s’envolait au fur et à mesure que le temps s’écoulait. Soudain, des mots jaillissaient de sa gorge sans qu’elle puisse les sentir :
« Alors Sha’rika ? Ca fait quoi de trahire sa propre race ? » Tout le monde la regardai, personne ne parlait. Sans y prêter attention, elle ne ressentait qu’une vague culpabilité. Celle d’être le pire ennemi de son clan.

Une voix :
« Un savoir, … grand. » Elle se retourna, rien.
« Le chemin, … le retour. » Son regard se baladait dans toute la pièce.

Elle tentai de comprendre les symboles inscrits sur ces parchemins, elle ne devinait que quelques symboles. Une fois de plus, la voix résonnait dans sa tête :
« Le château, … les parchemins, le livre. » Comme pour faire taire ces voix, elle referma le rouleau.
« La résurrection ! » Ses yeux s’écarquillèrent, elle avait compris. Dans les rouleaux de parchemin, il doit y exister un pouvoir, que seul le livre ou les parchemins seraient capables de lui apprendre, ce pouvoir serait de rendre la vie aux morts, d’apporter la résurrection.

Retour au temple.


L’incantation avait commencé. Les tissus organiques s’entremêlaient, se modifiaient en toute forme. Le corps se dessinait sur la table de résurrection, il s’assemblait dans un spectacle de magie parfaitement majestueux, franchissant l’entendement des rêves et fictions. Le corps était bientôt prêt, c’était une madare qui ne ressemblait à aucune de ses sœurs. La bague, qui s’était complètement éteinte, se brisa sous le flux de mana trop important. Elle sentit une partie de son âme se déchirer, s’arracher de son être. L’incantation était corrompue par une aura tristement reconnaissable. Amandin n’était pas mort, et il vient de se manifester. Ce qui ressemblait à une madare, devint le même humain qu’autrefois.

« Il est temps oracle. »
« Oracle ? Mais je ne suis encore qu’une apprentie !? »
« L’oracle est morte, tu est la seule qui peut revendiquer ce titre. Et, Tayëlma s’est elle-même prononcée : Tu es l’aspirante La plus douée et la plus dévouée à notre maître, Shyn. Il est grand temps pour toi de te choisir un nom, et toutes les responsabilités qu’il incombe. »

« Maîtresse, j’y ai longtemps réfléchi et, mon nom d’oracle sera Tayël »
« Tayël, … Tu supprimes le « ma », garant de la sagesse et de sa sérénité ? »
« Contrairement à vous, maîtresse Tayëlma, ce ne sont pas des talents qui me sont innés… »
« Je vois que tu as déjà fais ton choix, … très bien. Désormais, tu te nommeras Tayël ! Oracle du clan Kyln ! » Elle sourit, « Et moi, je vais redevenir Rhar’phasaë. »

Les Atlantes




Lorshëll.